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Si je les avais écoutés!

Avant d’avoir des enfants…

Si je les avais écoutés, j’aurais accouché à l’hôpital sous épidurale, parce que ça existe alors pourquoi devrions-nous accoucher dans la douleur ? (Encore moins à la maison!)

Si je les avais écoutés, mes enfants iraient à la garderie, j’aurais un horaire de travail temps plein, je ferais beaucoup plus d’argent. J’aurais mandaté une autre femme pour s’occuper de l’éducation de mes enfants, parce que de nos jours, nous avons besoin de deux salaires pour arriver!

Si je les avais écoutés, j’aurais allaité mes enfants quelques mois seulement, mais jamais passé un an, surtout pas deux. Ils auraient ensuite bu du lait de vache, parce que j’en ai bu longtemps et je n’en suis pas morte.

Si je les avais écoutés, mes enfants auraient dormi dans leur lit très tôt, ils auraient dormis toutes leurs nuits dès 6 mois, et moi aussi! Mes enfants auraient appris qu’ils doivent s’endormir seuls, dans les pleurs et l’insécurité, parce que dans notre société, ça ne se fait pas de dormir en famille.

Si je les avais écoutés, ils mangeraient de la viande, des jus en quantité, des bonbons et écouteraient la télévision à profusion, parce qu’ainsi va la vie!

Mais je ne «les ai pas écoutés»! Même si les voix de la société étaient fortes et nombreuses, j’ai décidé de faire confiance en mon ressenti, mon intuition, la voix dans mon cœur plutôt que celle dans ma tête. Ce faisant, cette voix est devenue de plus en plus forte et affirmée, m’empêchant même de remettre en doute ces vérités chères à mon cœur. Dès le moment où j’ai su que ces possibilités existaient, par mes lectures ou les discussions, il ne m’était plus possible de faire semblant. Même s’il est plus simple de suivre le courant, même s’il est parfois pénible de faire différemment ; parce que la peur des gens face à nos choix est souvent contagieuse, et rien ne nous rend plus prudent que le bien-être de nos enfants.

Malgré tout, moi et mon conjoint avons choisi de faire confiance en nos enfants. Nous avons écouté la voix qui nous disait que nous étions les mieux placés pour répondre à leurs besoins profonds. Qu’ils allaient socialiser malgré tout, avec les aînés comme les enfants, au supermarché comme au parc ou avec les grands-parents. Qu’ils savent apprendre à leur rythme de façon naturelle, avec les petits moments banals du quotidien. Que leur autonomie se développerait d’une façon ou d’un autre, que nous serions leurs exemples et qu’ils s’épanouiraient dans le mode de vie que nous leurs offrons.

Depuis ce jour, j’ai la chance de les voir grandir à temps complet. Je sais que ces moments ne reviendront jamais, et qu’ils ont une richesse inestimable à m’apporter. J’ai choisi de saisir tous ces moments qu’ils m’offrent à leurs côtés, avant que l’âge de l’autonomie soit si forte qu’ils partent vivre leur propre vie de leur côté. Ils m’ont appris à ralentir ma vie, énormément, et à voir le temps autrement. Mon efficacité et ma productivité ont été remplacées par le moment présent. L’allaitement prolongé, le cododo, le portage, le respect du rythme moteur et biologique de l’enfant ont remplacés tous ces questionnements. La conciliation travail-famille a pris un tout autre sens. Il faut dire que j’ai la chance de pouvoir travailler quelques heures par ci par là avec l’aide de papa, d’un entourage très présent et d’une grosse dose d’inventivité.

Je me sens choyée d’avoir le choix et de l’avoir choisi. Ce n’est pas toujours facile, mais puisque rien n’est définitif, on évolue, on se trompe et on avance.

Soyez fiers de vos convictions! C’est inévitable que peu importe vos choix, cela finira par heurter des gens autour de vous. Du moins, si vous suivez votre intuition, «ces gens» ne seront pas vos enfants! Faite preuve de créativité, votre vie n’est pas prédestinée à simplement suivre le courant. Et vos enfants apprendront en chemin la résilience et l’importance du moment présent.

Un texte de Mylène Desrosiers

Photos par Marï Photographie

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